Frédéric Amblard – peintures et dessins

Frédéric Amblard n’en finira jamais avec le corps humain.

Peindre lui permet d’en étirer les contradictions. Matière et esprit, âme et chair, art et idéal, visages, membres, chairs, regards, le peintre ruse pour débrouiller ce qui nous touche. Tantôt rude, tantôt tendre, il use d’une palette prête à tout déranger. Tons, formes, proportions, inventent une image corporelle multiple. Le corps peint occupe les toiles, les murs qui le portent, les nudités qu’il fixe. Beautés contradictoires, âges confrontés aux temps. La vigueur des brosses brutalise ou caresse les toiles, instaure un ballet dont la forme suit les secrets.

De la subjectivité de l’artiste à celle du regard mis en jeu, que retenir ? Peindre touche à tout, voire à l’indicible. S’inspirant des poses du modèle vivant, inventant une anatomie éloignée de l’idée qu’on en a, rejoignant les linéaments d’une chair inconnue, l’art joue à qui perd gagne, et gagne une dimension imaginaire inédite. Notre époque, par sa diversité culturelle, défait repères et certitudes.

Aujourd’hui, le corps augmenté, hors de lui-même, surinvesti, crée un écart qui, malgré nous, s’insinue de nous à nous, de nous à lui. Un espace naît, fabuleux ou inquiétant. L’image découvre des perspectives ignorées. Celles d’Amblard peignent à vue, visent les écarts, dedans, dehors. L’œil n’en croit pas ses yeux. Moins pour dénoncer ce qu’on ne saurait voir que pour explorer les forces logées en nous, sa peinture extériorise une psyché qui n’en finira jamais de jouer à cache cache avec nos existences d’humains.